Une boule de poils blanche rebondissait près de Paco le manchot. C’était son ami Albert l’ours polaire qui trépignait à l’approche de Noël.
- Allez ! grouille un peu, Paco ! lui dit Albert.
- Je fais ce que je peux ! protesta Paco.
Paco, sur la glace, était beaucoup moins à l’aise qu’Albert qui pouvait, en plantant ses griffes, gambader à son aise. Lui, qui n’avançait qu’à petits pas, semblait surtout chercher à ne pas tomber. Albert n’arrêtait pas de l’attendre, et Paco de se dépêcher.
Mais tout allait changer après le réveillon, car Paco, dans sa lettre au Père Noël, avait demandé un cadeau qui allait tout arranger : des patins à glace ! Ainsi équipé, il irait aussi vite qu’Albert sur la banquise. Ensemble, ils allaient pouvoir élargir leur terrain de jeux et partir à la découverte de nouveaux coins.
Il ignorait qu’Albert, de son côté, avait demandé une luge au Père Noël. Mais luge ou patins, ils seraient enfin à pied d’égalité.
- Bon, je ne peux plus attendre, s’impatienta Albert, je rentre chez moi. Et on se voit à la première heure, demain, d’accord ?
- D’accord, Albert.
Un énorme flocon roulant sur la banquise, voilà à quoi ressemblait Albert qui s’éloignait. Paco ralentit l’allure et s’engagea sur le chemin qui le ramenait chez lui. Ce faisant, il passa près de la boîte aux lettres où, une semaine plus tôt, il avait glissé son précieux courrier. En s’approchant, il aperçut une tache étrange au pied de la boîte.
Poussé par la curiosité, il s’approcha encore et faillit pousser un cri de désespoir. Sa lettre ! C’était sa lettre qui était prisonnière de la banquise. Il se pencha pour l’attraper, mais son aile ne pouvait entamer l’épaisseur de glace. Il comprit en un instant ce qui s’était passé.
En ramassant le courrier, le facteur avait laissé tomber le sien, de la neige était tombée dessus, qui s’était ensuite transformée en glace, emprisonnant sa commande jusqu’au printemps.
Pour rejoindre sa maison, Paco le manchot marcha encore plus lentement que d’habitude. Comme s’il était lui aussi pris dans la glace. Le soir, ce fut le cœur lourd qu’il prit part au repas de réveillon, et la nuit qui s’ensuivit ne fut peuplée d’aucun rêve agréable.
Au matin, il se réveilla l’âme en peine. Sans y croire, il jeta pourtant un coup d’œil au pied de son lit, mais il n’y avait rien.
De son côté, à la même heure, Albert faisait des roulades au pied du sien. Ce n’était pas un mais deux cadeaux que le Père Noël lui avait apportés ! Le plus gros contenait la luge dont il rêvait, et l’autre, des patins à glace. « Génial ! se dit-il, les patins à glace, c’est encore mieux que la luge ! On va bien s’amuser avec Paco ! Je garderai les patins, et je lui prêterai la luge ! »
Évoquer la personne de Paco lui donna sur-le-champ envie de le voir. Avec ses deux cadeaux, Albert se précipita chez le petit manchot. Il le trouva assis sur la glace, le bec posé sur le ventre.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? s’inquiéta-t-il en lui posant une patte blanche sur l’épaule.
- Ma lettre au Père Noël n’est pas partie, et je n’ai rien reçu, répondit Paco avec un filet de voix.
Albert resta un instant silencieux. Il pensa aux patins, il pensa à la luge, il pensa à son ami et prit immédiatement sa décision.
- C’est justement pour ça que je me suis dépêché de venir te voir ! dit-il en riant. Le Père Noël a dû se tromper, il m’a apporté ton cadeau en plus du mien. Tiens !
Et il tendit à Paco la paire de patins à glace. Les yeux du petit manchot devinrent aussi grands que le cœur de son copain l’ours polaire.
- Des patins ! dit-il. Incroyable ! C’est exactement ce que j’avais demandé ! Et toi, tu as eu quoi ?
- Une luge.
- Tu n’auras plus besoin de m’attendre, maintenant ! reprit Paco. On pourra même faire la course !
Paco le manchot enfila ses patins et, avec l’aide d’Albert, inaugura ses premières glissades. Entre deux rires, il flanqua une bourrade à son ami.
- Si tu veux, Albert, je te les prêterai !
FIN
Une histoire écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark
2. wolfe le 30-12-2013 à 19:08:47 (site)
Très belle histoire!
Oui un très bon noël entouré de la plupart de ceux que j'aimais (il en manquait 2)
Bisous
Noël approchait. Un vent glacé balayait les forêts canadiennes. Nestor était blotti contre sa maman, bien au chaud dans sa hutte.
- Et donc, il les dépose où les cadeaux, le Père Noël ? demanda-t-il encore.
- Au pied du sapin, la nuit de Noël, chéri ! Je te l’ai répété dix fois ! Tu sembles bien inquiet ! Pourquoi ?
- Oh ! Pour rien…
Un peu plus tard, il rejoignit ses amis au bord du bras de rivière où il logeait. Willy le grizzli et Gillou le caribou remarquèrent sa mine renfrognée.
- Un problème, camarade ? fit Willy.
- Un peu, oui ! Suivez-moi !
Nestor les entraîna sur les pentes d’une colline d’où l’on dominait la région. Au sommet, d’un mouvement de patte, il embrassa le paysage.
- Qu’est-ce que vous voyez ?
- La même chose que toi ! dit Gillou. Des sapins couverts de neige.
- Oui, geignit Nestor, des centaines de sapins ! Des milliers de sapins !
- Et alors ? dit Willy.
- Alors, comment voulez-vous que le Père Noël repère nos sapins parmi ces milliers d’autres ? Réponse : il n’y arrivera pas !
Les deux amis se renfrognèrent à leur tour. Soudain, le visage de Gillou le caribou s’éclaira.
- Tu n’as qu’à couper plein d’arbres autour du tien, et le Père Noël le verra !
- Bonne idée ! s’exclama Nestor qui dévala la pente pour se mettre au travail.
Quand ses amis le retrouvèrent, il était écroulé, la langue pendante, au pied d’un gros sapin dont le tronc était à peine entaillé.
- Avec mes petites dents, j’en ai pour des années ! C’est cuit les amis !
- Attends ! dit Willy, peut-être que Gillou et moi, on peut l’abattre !
Et tous les deux se précipitèrent, prirent de l’élan et heurtèrent le tronc de toutes leurs forces. Le résultat ne fut pas celui qu’ils avaient espéré. Des paquets de neige dégringolèrent de la cime.
Il y eut bientôt près du tronc un tas de neige en forme de grizzli, et un autre avec des bois qui dépassaient.
- Ça n’a pas marché, les gars ! ne put s’empêcher de rigoler le petit castor.
- On a remarqué, merci ! répondit un des deux tas de neige.
Un peu plus tard, ils étaient remontés au sommet de leur colline pour réfléchir. Devant cette forêt impénétrable, l’inquiétude envahit de nouveau Nestor.
- Tu as remarqué ? fit Willy en tendant une patte vers la rivière, on voit notre arbre.
- Où ? demanda le castor.
- La tache noire, là ! Celui qui n’a plus de neige.
S’appuyant contre sa queue, Nestor battit des pattes en poussant des cris de joie.
- Les copains, vous êtes fantastiques ! s’écria-t-il. On tient la solution !
Ensuite, pendant des heures, on entendit dans la forêt résonner les coups que portaient Willy et Gillou contre les troncs désignés par Nestor. Des dizaines de fois, ils furent ensevelis sous la neige, mais leur rythme ne s’en trouva nullement ralenti.
Leur tache achevée, ils gravirent une dernière fois la colline. Le fruit de leur travail dépassait leurs espérances.
- On a réussi les gars ! hurla Nestor.
Et les trois amis s’étreignirent en ébauchant une ronde joyeuse.
Ils étaient rentrés chez eux depuis longtemps, et même déjà plongés dans un profond sommeil, quand un éclair rouge déchira le ciel étoilé. Sur son traîneau, le Père Noël survolait les forêts infinies.
À perte de vue, il contemplait des sapins enneigés. Il négocia quelques virages, cherchant des repères, quand il écarquilla les yeux sous son bonnet :
- Eh bien ça alors, c’est incroyable !
Sous son traîneau, des arbres débarrassés de leur neige formaient des taches noires qui s’alignaient, formant des lettres, et même des mots sur la blancheur du paysage. Il lut d’abord NESTOR, puis, plus loin, GILLOU, puis encore plus loin, WILLY.
- Je crois que nous sommes arrivés ! annonça-t-il à ses rennes. En dessous vivent trois gaillards qui avaient manifestement peur qu’on les oublie ! Avec la surprise qu’ils m’ont préparée, ce serait difficile !
Et le traîneau piqua vers les prénoms en emportant le rire du Père Noël.
FIN
Une histoire écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark
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