posté le 03-12-2013 à 07:30:08
Le Noël de Marcellin le pingouin
Il faisait un froid de canard en ce mois de décembre, et Noël approchait. Mais un froid de canard, ce n’est pas très froid pour un pingouin. Marcellin était un pingouin sage et prévenant. Il aidait sa maman à pêcher les poissons et ne laissait jamais traîner ses affaires dans l’igloo familial. Aussi attendait-il la venue du Père Noël avec impatience.
Impatience, et inquiétude, car les livres qu’il avait lus lui avaient appris qu’on devait se plier à un rituel précis : la nuit de Noël, il fallait poser ses chaussons au pied de la cheminée. Or, de cheminée, il n’y en avait pas dans son igloo ! Et a-t-on déjà vu un Père Noël, des cadeaux plein sa hotte, sonner à la porte, comme un vulgaire vendeur de manteaux rouges ?
Qu’à cela ne tienne, il allait en fabriquer une !
Ses parents partis pour plusieurs jours de pêche, il en profita pour mener son projet à bien. Il découpa des blocs de glace qu’il traîna chez lui pour construire une magnifique cheminée. Enfin, il creusa le toit qui offrait au conduit une ouverture vers le ciel.
A leur retour, ses parents s’extasièrent.
- Tu es doué, dis-moi, lui dit son papa. Dommage qu’on ne puisse pas s’en servir, de ta cheminée !
Le petit pingouin ne répondit rien. Son père pensait sans doute au bois qui manquait pour allumer un feu. Mais Marcellin avait tout prévu. Son ami Roch le phoque, avait trouvé sous la banquise une épave de bateau. Il lui avait ramené quelques morceaux de la coque, qui avaient eu le temps de sécher depuis. Ils formaient maintenant un tas de bûches qu’il avait caché au fond de sa chambre.
24 décembre. À cette heure-là, le Père Noël devait atteler son traîneau. Marcellin attendit que la maison soit endormie et il déposa en silence quelques bûches dans l’âtre de sa cheminée.
Peu après, les jolies flammes d’un feu entamèrent devant lui une danse du ventre. Marcellin pensa au Père Noël. « La fumée le guidera vers la maison, et quand il entrera chez nous, il pourra se réchauffer. »
Content de lui, il retourna se coucher.
Le lendemain matin, aux aurores, il ouvrit un œil et sortit de sa chambre en glissant sur le ventre, pressé de découvrir ses cadeaux. Mais de cadeau, il n’y en avait pas. Il n’y avait pas non plus de chaussons. Et il n’y avait pas non plus de cheminée.
À la place, un grand trou dans le sol, au fond duquel, très loin, clapotait une eau sombre.
- Je te l’avais dit qu’on ne pouvait pas se servir de la cheminée ! fit son papa en posant une aile sur son épaule. La glace, ça fond. Mais tu n’as pas écouté.
- Je suis désolé, dit Marcellin, des sanglots dans la voix.
- Ce n’est pas grave, mon grand. Je comblerai le trou.
La tête basse, le petit pingouin retourna, d’un dandinement triste, dans sa chambre. À coup sûr, le trou avait avalé ses cadeaux, en même temps que ses chaussons.
Son cœur fit soudain un bond au fond de sa poitrine. Au pied de son lit, un magnifique paquet l’attendait. Il ne l’avait pas remarqué en se réveillant. Il se précipita et ouvrit d’abord l’enveloppe posée dessus.
« Cher Marcellin.
Il y avait beaucoup de chaleur chez toi, mais ce n’était plus celle du feu. C’est l’intention qui compte. Voici un cadeau pour toi, et rien que pour toi. Joyeux Noël.
Le Père Noël. »
Le petit pingouin ouvrit son cadeau. Ses parents s’approchèrent sans bruit.
- Alors ? dit sa maman. Tu as été gâté ?
- Oh oui, dit le petit pingouin. Regardez, c’est une panoplie de pompier !
Très fier, il enfila la veste en cuir et se coiffa de son casque argenté. Puis, gonflant sa poitrine, annonça :
- Je vous présente le premier, et le seul pompier de la banquise !
- Tu es donc un pinponpingouin ! répondit sa maman.
Et serrés les uns contre les autres, ils allèrent fêter ça.
FIN
Une histoire écrite par Stéphane Daniel et illustrée par Johanna Crainmark